Résidence n°4 : Les barons.
Nekatoenea, Hendaye. Création sonore, recherche scénographique, avril 2021
Résidence segmentée en 2. Première partie pour le développement sonore du projet dans la continuité d’une bibliothèque sonore. Deuxième instant pour la recherche plastique et la scénographie.
En parallèle, rencontre et partage avec deux artistes en résidence Nahia Zubeldia et Christope Clottes.
1 Rencontre professionnelle. Réalisation de podcasts des artistes, repérage.
Première semaine – Nous voilà sur un grand domaine. Un manoir ou la tête d’une femme affalée, qui observe l’océan. Nous voila dans ce lieu magique que l’on appelle Nekatoenea. Au programme: recherche sonore, et plastique, un peu d’histoire, des rencontres nocturnes impromptues avec les Xorgins.
*xorgin=sorciére en basque
Concentration! On se focalise sur la couleur des sons, les leitmotivs sont là! et Wagner est stricte quant à leurs utilisation narrative !!! Après une petite sélection, les voilà adaptés, synthétisés. On a présent une énorme bibliothèque sonore. Je me sens riche comme si mes disques durs détenaient un trésor. C’est le nouvel or du Rhin !
Le cœur qui bat, « Txakun Txakun », au sommet de la colline de Nekato, réveille les arbres, les plantes. Les oiseaux silencieux observent. Harmonieux, le temps, se balade avec nous, et il profite de la nature abandonnée par les flux des touristes que la nuit arrivante a chassé.
Balade nocturne, le visage dans la lune, Ricci se tourne vers nous et dit: « D’où vient la beauté? » Un temps, il respire et nous dit: « De l’union du cœur et du cerveau. » Je tente de me focaliser sur l’enregistrement du son avec nos grandes paraboles. C’est compliqué avec tout ce vacarme autour de nous.
Ricci ressent cette humidité comme s’il était livré à des êtres hostiles, comme ceux qu’il voit parfois lors de ses rêves. Il imagine alors Siegfried vieux et ronchonnant… Pourtant il fait beau et le programme est historique. Nous visitons le château d’un autre créateur d’art total, notre hôte, Antoine. On remonte le Nil jusqu’en Ethiopie que l’on voit au loin vers Fontarabie ! C’est peut-être à cause d’un peu de jalousie que Ricci est ronchon…
Deuxième semaine – Résumé de Wagner de notre résidence: Merci à l’équipe de Nekatoenea et au CPIE LB. Si l’on me donnait le choix entre 3 ans de repos total sous un tel climat, agréablement installé, mais sans rien voir ni entendre et 12 années comme les précédentes, je choisirais certainement ces trois années.
La journée et la nuit les arbres nous murmurent des mélodies ! On les a déjà entendu. L’un s’esclame le soir, l’autre répond le matin, le dernier supplié dans le silence de l’action ! On enregistre les sons qui nous frappent. On commence à entendre le quotidien de Siegfried, de notre Siegfried.
L’arbre nous parle en morse, comme s’il est resté en temps de guerre ! Ha, le pauvre vieux! Jeune mais vieux ! Les champignons ne lui font pas du bien ! Mycélium, toi et tes rythmiques linguistiques. Craquement chanté, on tente de te transformer et avec un bouton te voila devenus la voix obscure et profonde de Fafner…
Nous en avons fini pour l’instant avec le son, s’écrit Ricci. Il y en a marrrrrre! Je tempère les humeurs, car les autres ne comprennent pas cette réaction. Il se calme et je décide que le temps loué au travail sonore devait attendre pour commencer à développer le propos visuel. Txomin s’exclame: Oui, d’accord, mais j’insiste pour que l’on, fasse interpréter le leitmotiv de Siegfried par un oiseau ! Béranger entre avec de la cire pour son totem scénique… Sans le vouloir la transdisciplinarité collaborative s’était enclenché. Merci au CPIE et Nekatoenea pour leur soutien et accueil. Nous avons vraiment été des barons l’espace d’un instant.